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8 meilleures façons d’apprendre grâce à la neuroéducation

 

Ce que les neurosciences apportent à l’enseignant et à l’élève

 

L’essor des sciences cognitives a marqué un tournant dans l’évolution de l’enseignement. Grâce à différentes explorations du cerveau telles que l’imagerie cérébrale, nous sommes désormais en mesure de voir en direct le cerveau apprendre, et de comprendre les mécanismes d’apprentissage au niveau neuronal. La neuroéducation, discipline née de la rencontre des sciences cognitives et des sciences de l'éducation, a beaucoup à nous apprendre sur la manière d’optimiser les stratégies d’apprentissage et d’enseignement, en les adaptant au plus près du fonctionnement du cerveau. De belles perspectives de progrès et de réussite s’ouvrent à tout apprenant !

 

 

Renouveler les pratiques pédagogiques et les stratégies d’apprentissage

 

C’est dans ce contexte que j’ai eu cet hiver la formidable opportunité de suivre des conférences-ateliers de Steve MASSON, chercheur et professeur en sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Montréal, et auteur de l’ouvrage Activer ses neurones pour Mieux apprendre et enseigner (éditions Odile Jacob, 2020). Organisées par l’organisme de formation pédagogique IF Paris, ces sessions ont permis à Steve MASSON de présenter l’état des connaissances en la matière ainsi que les stratégies d’apprentissage optimales, qui prennent le plus en compte le fonctionnement du cerveau et la neuroplasticité.

De quoi tordre le cou à des idées reçues bien installées, et changer certaines habitudes contre productives ! Voici un petit guide des bonnes stratégies à mettre en place.

 

 

1. Écouter et relire pour apprendre, ça ne suffit pas


Pour activer les neurones liés à l’apprentissage visé, c’est l’approche active qui est la plus appropriée. Écouter passivement le cours magistral, relire un cours en surlignant les mots-clés ne suffisent pas à retenir et apprendre. C’est produire quelque chose (une réponse, une solution, une explication, une intervention à une discussion ou un débat…) qui permet de vraiment activer les connexions neuronales.

 

2. Activer souvent, mais pas trop ni trop longtemps


Pour renforcer les connexions et diminuer les oublis, les neurones doivent être activés plusieurs fois. Ce sont la fréquence, la pertinence et l’intensité qui comptent. Car si les entraînements sont trop répétitifs et trop longs, le cerveau… se désactive et n’apprend plus ! Tout simplement car c’est devenu trop facile. Pas de défi, pas de progrès. L’apprenant réussit enfin la tâche ? Il doit continuer d’apprendre et réaliser un surapprentissage pour continuer à réduire l‘oubli et la charge cérébrale, et réaliser des tâches plus complexes.

 


3. Favoriser et entraîner la récupération en mémoire


L’élève qui doit mobiliser ses connaissances fait revenir le souvenir à sa conscience, en le ramenant de la mémoire à long terme à la mémoire de travail. Comment faire pour se souvenir de ce qu’on a appris ? D’abord essayer de s’en rappeler en cachant ses notes de cours, plutôt que de les relire. Puis faire fréquemment de petits tests et s’auto questionner. L’enseignant est à même d’aider l’élève dans ce processus en le questionnant et en lui donnant des indices.

 

4. Expliquer pour apprendre


Les connaissances antérieurs sont bien développées ? Alors il est temps de passer à l’élaboration d’explications. Expliquer, c’est établir des liens entre différentes connaissances et déclencher un processus de réactions en chaîne entre plusieurs zones du cerveau qui vont agir en synergie. Pour cela, rien de mieux que de questionner l’apprenant sur le pourquoi et le comment, l’inviter à s’auto expliquer (se poser des questions à lui-même et y répondre à voix haute). Un feedback immédiat sur l’exactitude des informations renforcera l’apprentissage.

 

 


 5. Pas de grosse révision la veille de l’examen


Les études montrent qu'il est plus efficace d’espacer les activations, faute de quoi… on ne consolide pas. Travailler 3 h d’affilée produit moins de résultat que trois fois 30 mn sur 3 jours. Cet espacement crée une « difficulté désirable » car il  demande un effort de réactivation bénéfique et permet de maintenir les connaissances dans le temps. L’idéal est l’espacement progressif : laisser passer d’abord un jour, puis deux, puis trois. Il a fait davantage ses preuves que l’espacement constant.

 

 

6. Construire un planning entrelacé


Inutile aussi de planifier une grosse séance de maths, puis une de français et une d’histoire-géo tout aussi volumineuses. Au contraire, il est préférable d’entrelacer de brèves sessions d’une heure de chaque matière chaque jour. Si les séances d’entraînement regroupées donnent l’illusion de bons résultats sur le coup, il n’en est pas de même au test final dont les scores sont plus élevés de 43 % en cas d’entrelacement.

 

 

 


 7.La rétroaction pour aider le cerveau


Notre cerveau respecte la loi du moindre effort ! C’est pourquoi il faut l’informer sur les réussites et les erreurs à l’aide de rétroactions, en équilibrant les positives et les négatives. Les premières favorisent le relâchement de dopamine, le neurotransmetteur de la satisfaction, qui renforce la motivation et le goût d’apprendre ; les secondes favorisent la correction des erreurs.  De plus rien ne vaut la rétroaction immédiate qui a un effet deux fois supérieur à la rétroaction différée.

 

 

 

8. Changer d'état d'esprit


« Je n’y arriverai pas, c’est pas pour moi… » : ce type de croyance révèle un état d’esprit fixe, sape la motivation et fait renoncer aux efforts. Or la neuroplasticité prouve qu'on peut s’améliorer. Un état d’esprit dynamique basé sur la foi en l'amélioration augmente le niveau d’activation des neurones et les mécanismes de correction d’erreur. Dans cette optique, les rétroactions qui associent la réussite à processus (« Tu as travaillé dur, tu as développé de nouvelles stratégies... ») cultivent cet état d’esprit dynamique, contrairement à celles qui portent sur l’individu (« Qu’est-ce que tu es doué ! »).

 


 

La neuroéducation nous apporte donc une excellente nouvelle : la neuroplasticité nous montre que nous ne sommes pas condamnés à ne pas réussir. Progresser est possible à condition de changer certaines pratiques, croyances et habitudes. Chers élèves, attendez-vous à entrer dans un mode d’esprit dynamique pour transformer votre rapport au savoir !

 


Sources :

  • Le site du Laboratoire de Recherche en Neuroéducation (LRN)
  • La chaîne YouTube de Steve Masson, Ph. D.
  • Activer ses neurones pour mieux apprendre et enseigner, Steve MASSON, Odile Jacob, 2020
  • Le Cerveau et ses apprentissages, Olivier HOUDÉ et Grégoire BORST, Nathan, Les Repères pédagogiques, 2018
  • L'École du cerveau : de Montessori Freinet et Piaget aux sciences cognitives, Olivier HOUDÉ, Mardaga Pierre, Sciences humaines et sociales, 2018

 

Auteure : Claire Legendre. Tous droits réservés.

© ClaireLearning - 8 mars 2022

Crédit photo : photos libres de droits Pixabay

 

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