La dictée peut-elle être source d’apprentissage de l’orthographe ? Faut-il faire faire des dictées à son enfant ? Et si oui, comment ?
Abhorrée des uns, portée aux nues par les autres, la dictée se situe au sommet de la gamme des exercices
orthographiques : réussie, elle prouve qu’on maîtrise définitivement et totalement l’orthographe ; ratée, elle montre qu’on est décidément nul dans une discipline élitiste. C’est l’étalon-mètre
de la réussite et de l’échec par excellence, érigé en standard de l’apprentissage de l’orthographe. Difficile d'y échapper !
Faisons-nous un court instant l’avocat du diable et rappelons qu'être mauvais en orthographe – et par conséquent en dictée – n’empêche pas d’écrire, de rédiger des textes pertinents, voire de publier des œuvres littéraires dévorées par des milliers de lecteurs. L’écrivain Daniel Picouly a ainsi fait de ses tristes expériences de la dictée un livre drôle et émouvant : La faute d'orthographe est ma langue maternelle (Albin Michel). Les œuvres des auteurs que nous étudions avec vénération au lycée et au collège ne sont pas exemptes de fautes grossières, comme le montrent Anne Boquel et Etienne Kern dans leur ouvrage Les plus jolies fautes de français de nos grands écrivains (Editions Payot).
Apprend-on vraiment l’orthographe en faisant des dictées ?
Telle qu’elle est généralement pratiquée, à savoir un paragraphe complet préparé ou non, et qui mixe toutes sortes de difficultés, elle nécessite de mobiliser plusieurs savoirs, savoir-faire et savoir-être :
- surmonter sa peur de l’échec, ce qui est d’autant plus compliqué qu'on est abonné aux mauvaises notes,
- comprendre le sens du texte pour savoir écrire juste,
- faire preuve d’une attention soutenue du premier au dernier mot,
- connaître par cœur toutes les règles utiles pour le texte, et les mobiliser en un clin d'œil,
- traiter une multitude de points orthographiques quasi simultanément.
Une foule d'automatismes
Pour réussir, il faut donc avoir mémorisé une grande quantité de règles et acquis une foule d’automatismes. Pratiquée sans progression, la dictée ne sert pas à apprendre, mais à vérifier que l’on sait ou que l’on ne sait pas.
En dictée, l'élève est un peu comme l'apprenti conducteur qui doit à la fois connaître en théorie le code de la route et le mettre pour la première fois en pratique en situation sur la route, tout en actionnant les commandes du véhicule et coordonnant ses gestes pour le manœuvrer. Plus tard, avec la pratique, il réalisera ces tâches de manière automatique, sans même y penser ni même se souvenir de la manière dont il les a apprises.
En réalité, la dictée ne devrait pas être une fin en soi, mais rester un outil d’apprentissage de l’orthographe, au même titre que l’exercice de réécriture, les divers entraînements ciblés sur telle ou telle règle. Le vrai exercice roi, c’est la rédaction, qui consiste à savoir écrire ses propres phrases sans fautes.
8 conseils pour faire des dictées avec votre enfant :
1. Soyez zen (tous les deux) : un état d’esprit bienveillant, une concentration maximale et un moment propice sont les conditions idéales. Oui, il faut une patience d'ange ! Il est même parfois préférable de faire une pause ou un pas en arrière dans les objectifs, afin que votre séance de travail avec votre enfant ne s'achève pas sur une crispation supplémentaire.
2. Abandonnez l’idée d’atteindre le zéro faute pour un (bon) moment, fixez des objectifs intermédiaires atteignables. Taillez la dictée à la réelle mesure des capacités de votre enfant : ni trop simple, ni trop difficile, elle doit permettre de relever un défi réalisable mais stimulant. Basez-vous sur les dictées déjà faites en cours, entre la trop difficile et la super facile se trouve la bonne mesure. Avec le temps, les objectifs évolueront vers plus de complexité.
3. Ciblez la dictée sur un nombre réduit de points orthographiques : faites avec l’enfant une liste des 10 erreurs les plus fréquentes en les relevant dans une de ses productions écrites ; tenez-vous y pour en faire un vrai programme de travail et un guide de progression, afin que votre enfant se l’approprie et la considère comme un contrat pour lequel il va pouvoir s’engager. Augmentez progressivement, au fur et à mesure que les automatismes se mettent en place : a/à, puis à/a et les terminaisons -er/-é, puis ajouter on/ont…
4. Travaillez la mémorisation des règles : faites régulièrement récapituler les points déjà travaillés pour les réactiver.
5. Variez les types de dictées. Parmi les plus pratiqués :
- La dictée flash : 1 ou 2 phrases qui ne posent pas de problème de compréhension, tirées d’un texte étudié en classe.
- La dictée à trous, ciblée sur des points précis : vous lisez les phrases à trous tirées d’un livre d’exercices ou du manuel, votre enfant les écrit en les complétant par les bons homophones ou les bonnes formes verbales.
- La dictée à choix multiple : utilisée au brevet pour les élèves dys qui ont des aménagements, elle est très utile pour les élèves non dys en phase d’entraînement. Pour un même mot, plusieurs orthographes sont proposées. Il faut choisir la bonne.
- La dictée raisonnée : les phrases données sont correctement écrites, il faut expliquer l’orthographe de tel ou tel mot.
- La dictée à corriger : des erreurs sont sciemment introduites dans le texte, l’élève doit les trouver. Pensez à toujours indiquer sur quel type de difficulté orthographique il doit se focaliser (pas plus de 2 ou 3 à la fois) et le nombre de fautes qu’il doit trouver.
- L'auto dictée : l’élève apprend par cœur les phrases choisies et l’orthographe des mots, et se les dicte à lui-même.
6. Soignez l’étape de relecture : ce n’est pas seulement un temps pour effacer les ratures et “faire propre” ! C’est un temps de questionnement pour vérifier l’application des règles apprises. Certains enfants aiment raisonner à voix haute, cela vous aidera à repérer l’erreur le cas échéant.
7. Laissez-le s'autocorriger : ne vous transformez en censeur armé d’un stylo rouge, laissez votre enfant comparer son écrit au texte d’origine, repérer ce qui est juste (les victoires !) et ce qui est erroné (à corriger).
8. Aidez au transfert
de la compétence en production écrite : insistez sur la relecture et la correction des points de la liste
uniquement, et sur une longueur limitée : un ou deux paragraphes de la rédaction.
Et si votre enfant faisait sa dictée tout seul ?
Voici 3 sites à découvrir :
Ortholud : https://www.ortholud.com/index.html
- Le plus : Ortholud propose des dictées très ciblées et accessibles aux plus grands débutants.
- Cliquez sur l’onglet Dictée puis sélectionnez le type de dictée souhaité (de sons, de mots, de phrases…)
- Ou cliquez sur l’onglet Par classe, puis sur Dictée et sélectionnez le point d’orthographe, de grammaire ou de conjugaison à travailler.
Dictaly : https://www.dictaly.com/
- Travailler sur ce site nécessite de s’inscrire pour avoir le corrigé.
- Les dictées sont classées par niveaux, ainsi que par thèmes et par types : dictées classiques, dictées à corriger, dictées flash, dictées aléatoires.
- Sur le modèle du jeu, l’apprenant peut se mesurer à d’autres joueurs et avancer graduellement dans son parcours.
TV5 Monde : Les Dictées d'Archibald
Les dictées, proposées à des non-francophones et classées par niveau du CECRL : de A1 (débutant) à C2 (autonome), sont tout à fait accessibles aux élèves francophones.
BON APPRENTISSAGE !
Auteure : Claire Legendre. Tous droits réservés.
© ClaireLearning - 03 janvier 2022
Crédits photos : photos et images vectorielles libres de droits Pixabay
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