· 

Jeux de lettres : apprendre en jouant

 

Taquiner les mots et les lettres pendant un voyage, sous un rayon de soleil ou à l’ombre en oubliant le temps qui s’écoule, attaquer une grille de mots sur un coin de table ou dans une chaise longue, entamer une partie et jouer dans les éclats de rires et l’excitation : les jeux de lettres occupent une place particulière durant nos congés. Les grandes vacances sont une occasion idéale pour y initier nos enfants et les entraîner au maniement des mots dans la détente.

 

Le jeu : une véritable pédagogie

 

Il suffit pour l’enseignant de prononcer le mot « jeu » en classe pour voir les visages des élèves s’illuminer et leur regard briller. Annoncer une simple partie de « Pendu » ou de « Petit baccalauréat » suscite un enthousiasme immédiat. La motivation est au-rendez-vous ! Mais le professeur a toujours une idée derrière la tête et plus d’un tour dans son sac. Certes, « on va faire un jeu », mais aussi et surtout jouer en apprenant — ou apprendre en jouant. L’émulation, l’enjeu du défi, l’attention tout entière tournée vers l’objectif à atteindre, sont autant de facteurs favorisant l’apprentissage. C’est tout l’intérêt pédagogique du jeu qui stimule et mobilise diverses qualités, compétences et connaissances. Pour peu qu’on lui garde une forme de liberté et d’acte gratuit, il est formateur en toute légèreté, sans en avoir l’air.

 

Mots croisés et compagnie…

 

 Les mots croisés, fléchés et mêlés offrent une multitude de modes de jeu : avec un stylo ou un clavier, que ce soit dans un livre, un magazine, en ligne ou sur une appli, toutes les manières sont possibles. Il existe différents niveaux de difficultés : avec des images pour les plus petits, dès le CP et le CE1, des niveaux adaptés aux juniors de 8 à 11 ans, d’autres plus  élevés avec des définitions de plus en plus énigmatiques et des mots de plus en plus rares pour les cruciverbistes chevronnés. Entre les deux extrêmes, chacun peut trouver le niveau qui lui convient.

Dans les mots croisés et fléchés, le jeu s’organise à partir de la définition des mots et du nombre de lettres, qui est connu à l’avance. C’est non seulement la connaissance du mot qui en est la clé, mais aussi la compréhension de la définition via la synonymie, la dérivation, la périphrase ou  la métaphore, qui permet de faire remonter le mot à la surface de la mémoire. « Mais oui, c’était évident ! », s’écrie-t-on lorsque la solution apparaît, parfois après avoir longuement cherché.

À partir d’une liste donnée, les mots mêlés visent à la reconnaissance visuelle du mot et de son orthographe dans une masse de lettres mélangées. Là où les choses se compliquent, c’est que les mots peuvent être écrits horizontalement, verticalement, ou diagonale ascendante ou descendante. Pas de définition à décoder ni de sens caché, le jeu est centré sur l’identification d’une suite de lettres.

 

Quand le hasard s’en mêle

 

De nombreux jeux de société sont basés sur le tirage au sort des lettres. L’aléatoire est le point de départ ; aux joueurs d’en tirer le meilleur. Le Scrabble et bien d’autres jeux similaires ne doivent pas se réduire pas à la vision de jeux de lettrés, réservés à de fins connaisseurs de la langue française. Ces jeux de société s’adressent à tous, enfants y compris, et permettent de mobiliser de multiples connaissances en français. Le vocabulaire, bien sûr, car il faut puiser dans son « trésor de mots » personnel pour trouver la bonne combinaison de lettres. L’orthographe lexicale également, comme dans les mots croisés, fléchés et mêlés, mais aussi l’orthographe grammaticale puisque tous les mots variables y ont leur place : les verbes peuvent être conjugués, les noms et adjectifs accordés. Enfin la grammaire, toute classe grammaticale étant acceptée : adverbe, préposition, conjonction,  noms, déterminants, verbes, adjectifs...

 

Des jeux de lettres sont spécialement conçus pour les plus jeunes, sous formes de petites boîtes faciles à glisser dans les bagages. Ils contiennent des cartes à tirer au sort. Le principe de base est toujours identique, même si les règles du jeu présentent des variantes : composer un mot avec une ou plusieurs lettres imposées. Un challenge total !

 

 

Un parfum de vacances

 

 On apprend aussi du jeu des autres, des mots qu’ils trouvent et des idées qu’ils auraient eues à notre place, des autres possibilités et des discussions pour savoir si telle combinaison est juste ou fausse. Et puis on rit et on se dispute. Il y a celui qui triche, celui qui est vexé, celui qui gagne toujours, des points à recompter. Ces parties ont un parfum de pluie estivale ou d’orage, de sable et de crème solaire, de sieste au frais ou de soirée étoilée. Elles mêlent non seulement les lettres et les mots mais aussi plusieurs générations, réunies autour de la table.

 

Et quand à la fin des vacances on rouvre son cahier de mots croisés, on y retrouve quelques grains de sable, une fleur séchée, une tâche de goûter. On redécouvre la trace pâle d’un stylo à court d’encre, le trait tordu du crayon de papier mal taillé, ou la ligne épaisse d’un gros feutre de couleur, et l’on se souvient qu’on a fait avec les moyens du bord. Les feuilles gondolées nous rappellent que le cahier a traîné près la piscine. On reconnaît aux lettres irrégulières la position dans laquelle on a écrit — et le lieu aussi : couché sur la pelouse d’un jardin, ou secoué dans une voiture. Nos jeux de lettres sont de véritables madeleines de Proust. Associés à  de tels souvenirs, ils nous appellent à y revenir.

 

© ClaireLearning - 10 août 2020

Crédit photo : images Pixabay

Écrire commentaire

Commentaires: 0